Le réseau des Chambres de Métiers et de l’Artisanat tire la sonnette d’alarme sur l’avenir de la formation par apprentissage dans l’artisanat. La baisse des niveaux de prise en charge des « coûts contrats », envisagée par le gouvernement, et susceptible d’entrer en vigueur dans les tous prochains jours, menace clairement le modèle de cette voie d’excellence.
 
Si nous nous félicitions des bons résultats de l’apprentissage en France, la baisse des niveaux de prise en charge (ou coûts contrats) est une véritable source d’inquiétude. En effet, si elle est confirmée, cette nouvelle baisse va se traduire par un véritable coup d’arrêt pour la formation par apprentissage dans les métiers de l’artisanat.

Joël Founry, Président de CMA France affirme que : « Depuis le mois de juillet, le réseau des CMA alerte sur les risques que représentent cette seconde baisse pour le secteur de l’artisanat. Ce qu’il faut bien comprendre ici, c’est qu’aujourd’hui notre outil de formation fonctionne, fait l’objet d’investissement et permet de former à des métiers rares, en proximité, parce que ces formations qui sont déficitaires restent minoritaires. Les marges qui existent nous permettent d’équilibrer la charge qu’elles représentent. Demain, cela pourrait ne plus être le cas. »

Concrètement, cette nouvelle baisse se traduirait par :

  • une baisse de près de 8 % du financement des formations emblématiques de l’artisanat de premier niveau (CAP)
  • ce qui signifie que 57 % des formations deviendraient déficitaires
  • ce qui représenterait 55 % de l’effectif des apprentis

 

 
 


« Comment poursuivre ces formations lorsque le coût qu’elles représentent n’est plus financé ? Comment continuer à former à perte ? Et au-delà de la question de l’appareil de formation du réseau des CFA, qui formera demain ces jeunes à ces métiers lorsque l’on sait par exemple que nous accueillons parfois 88% des effectifs ? » interroge Joël Fourny.

Les conséquences à court terme ? Une baisse de la qualité des formations, l’arrêt des formations à faibles effectifs et déjà fortement déficitaires et la fermeture des CFA de proximité. À moyen terme : l’impossibilité de poursuivre les formations déficitaires (majoritaires) et une menace pour l’appareil de formation.

 

 
 
 « Cette révision qui intervient au moment où l’on vient de franchir la barre des 200 000 apprentis est tout simplement incompréhensible et inacceptable. Elle s’effectue d’abord et avant tout au détriment des premiers niveaux de formation, là où pourtant l’apprentissage produit les meilleurs effets. On risque tout simplement de casser ce qui fonctionne si bien. Les chiffres parlent d’eux-mêmes, la méthode ne répond pas aux objectifs fixés. La balle est maintenant dans le camp du gouvernement et je veux croire qu’il est encore possible de trouver une solution », déclare Joël Fourny.

L’avenir de l'apprentissage dans l’artisanat est compromis

L’ensemble des présidents des CMA sont mobilisés sur ce sujet d’avenir, comme Vincent Gaud, Président de la CMA Auvergne-Rhône-Alpes :
 
« En dépit de la crise sanitaire, de la crise économique, les effectifs d’apprentis n’ont cessé de progresser en Auvergne-Rhône-Alpes. Avec 22 900 apprentis au 1er janvier 2023, la CMA Auvergne-Rhône-Alpes est un acteur de premier plan dans l'accompagnement des jeunes et des entreprises dans l'apprentissage des métiers de l'artisanat parce que :
 
  •  80 % des apprentis sont embauchés à l’issue de leur formation : l’apprentissage est une voie de formation gagnante, et aujourd’hui plébiscitée, qui favorise l’accès à l’emploi des jeunes.
  • Un chef d’entreprise artisanale sur deux est issu de l’apprentissage : les maîtres d’apprentissage ont à cœur de transmettre savoir-faire et savoir-être aux jeunes. 95 % des artisans considèrent que l’apprentissage est le meilleur moyen d’apprendre un métier.
  • L’artisanat est l’un des rares secteurs à faire fonctionner l’ascenseur social : en quelques années, un jeune peut passer du statut d’apprenti à celui de chef d’entreprise.
Avec la baisse de prise en charge des coûts contrat, la formation des apprentis dans l’artisanat est en réel danger et l’avenir même de certains métiers est menacé !

À l’heure du fabriqué en France, des contraintes écologiques et des besoins croissants de la population locale, souhaitons-nous aller vers des déserts artisanaux faute de jeunes formés pour prendre la relève ! »
 
 

Publié le mardi 12 septembre 2023


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